Mise en scène : Émilie Le Roux
Avec : Julien Anselmino, Théo Kerfridin, Kim Laurent, Anne Rauturier
Assistanat mise en scène : Fanny Duchet
Création lumière : Éric Marynower
Construction, décoration : Tristan Dubois, Fleur Lemercier
Administration, production : Anna Delaval
Communication, médiation, production : Muriel Balint
Une mère, essoufflée par un quotidien qui lui échappe, semble, chaque soir, avoir laissé « sa tête dans le tiroir de son bureau ». Un adolescent de quinze ans, en prise avec les réalités d’un monde très urbain, attend que le temps passe en restant des heures assis sur un banc. Face à ce quotidien peu réjouissant, une adolescente de quatorze ans, Lys Martagon, « 157 cm de bas en haut pas moins pas plus », cherche à regarder le monde autrement. Ayant grandi à la montagne, Lys voit le monde à travers le prisme de la nature qui s’est toujours offerte à elle. Elle tente de nommer le beau. Elle s’échappe dans un monde de mots dans lequel elle voudrait entraîner ceux qu’elle aime.
Mais en parlant sans cesse, Lys ne cherche-t-elle pas avant tout à combler le vide que creuse sa solitude ?
« Comment penser le vivre ensemble dans un monde où l’individualisme est devenu la norme et où les rapports humains ne savent plus s’inscrire que dans une affirmation identitaire qui refuse la différence ?
Instituant des frontières visibles ou invisibles, frontières mentales, sociales, urbaines, notre société fabrique de la solitude. Replis communautaires, pratique de l’entre-soi, on s’enferme et on se protège… car de l’individualisme à l’incivilité et de l’incompréhension à la violence, il n’y a qu’un pas.
Le regard de Lys pourrait apparaître comme une alternative à ce monde peu rassurant et peu fédérateur. Mais regarde-t-elle la réalité ou fantasme-t-elle le monde qu’elle regarde ? Difficile de savoir si nous regardons le monde tel qu’il est ou si ce que nous regardons n’est qu’une réalité déformée par le prisme de notre regard. Si le monde se déforme sous notre regard, que faisons-nous au monde en le regardant ? Pour que le monde change, ne serait-ce qu’au quotidien, devons-nous le regarder avec cynisme ou avec la coloration du rêve que nous projetons sur lui ? Si, tous, nous regardons le monde différemment, comment parvenir à vivre ensemble dans une même réalité ? Mais si nous regardions tous le monde de la même façon, à quoi ressemblerait-il ? Comment évoluerait-il ? À regard unique, pensée unique ? »